Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/16

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par suite de l’insuffisance des exécutants ou de la négligence des directeurs. Puis il supporte malaisément la médiocrité de l’existence qu’il est condamné à mener. Il trouve assurément à Zurich un cercle d’admirateurs, des relations agréables mais non ce dévouement absolu et sans bornes qu’il prétendait inspirer. Ses amis les plus chers, ses compagnons de lutte comme Liszt, sont loin de lui et ne peuvent que lui faire, de loin en loin, de courtes visites. Son foyer lui donne peu de joie : sa femme, bonne ménagère et dévouée à sa façon, mais foncièrement médiocre et bornée ne soupçonne pas la vraie grandeur de son mari et déplore qu’au lieu de s’employer à des travaux lucratifs il gaspille son temps et ses efforts en des entreprises démesurées et impratique telles que l’Anneau du Nibelung ; incapable de partager sa vie intellectuelle et sentimentale, souffrante d’ailleurs et malade des nerfs, elle est hors d’état de lui créer un intérieur où il puisse vraiment se délasser de son labeur épuisant et oublier les misères de l’exil. Pour comble de malheur, des soucis pécuniaires continuels jettent leur ombre importune sur l’existence du musicien sans fortune ni position stable. Toujours sans le sou, et toujours à court d’argent à cause de ses besoins de confort et de distractions, Wagner se voit obligé de quêter sans cesse parmi ses amis un peu d’argent pour se tirer d’affaire, de

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