Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/166

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pour cette pauvre créature angoissée, qui se trouve si étrangère maintenant dans le monde. Vous ne doutez pas un seul instant, mon amie, que mon attitude vis-à-vis de la pauvre ne soit tout ménagements, considération et bonté ? —

De la sorte les soucis s’accumulent pour moi — où que je porte mes regards : le monde me rend la vie difficile, chère enfant ! Il est donc bien explicable que je vous occasionne des soucis également ! Vous ne vous souciez pourtant qu’à propos de mes propres soucis. Ah ! vous m’aidez toujours avec tant de bonté ; et où vous ne me secourez point, je cherche mon salut en vous.

Savez-vous comment ? Je soupire profondément, jusqu’à l’instant où un sourire me vienne : puis, un noble livre ou — à mon travail. Alors tout cède, car vous êtes auprès de moi, et je suis auprès de vous. — Et, si vous voulez bien m’envoyer de temps en temps un livre que vous avez lu, je l’accepte de grand cœur. Il est vrai que je lis fort peu ; mais alors je lis avec fruit, et vous en donnerai la preuve ensuite. Je vous recommande également une lecture : lisez donc « La Vie et les œuvres de Schiller » par Palleske. Un seul volume a paru jusqu’ici. Pareille lecture, l’histoire intime du développement et de la vie d’un grand poëte, c’est ce qui doit éveiller le plus la sympathie au monde. Cela m’a été

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