Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/174

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di servente », qui me soignait et me pansait fort bien, et Pietro, qui devait beaucoup s’occuper du chauffage, allait chercher mes repas et, matin comme le soir, me portait de mon lit à ma chaise et de ma chaise à mon lit, avec l’assistance d’un gondolier. J’appelais cela le « traghetto », et pour cette opération je faisais usage du cri « poppe ! » bien connu à Venise. Louisa et Pietro étaient toujours étonnés et heureux de me trouver de bonne humeur ; ce qui les amusait surtout, c’est quand je leur faisais comprendre pourquoi je conversais si difficilement avec eux, à savoir, qu’ils parlaient le dialecte vénitien, tandis que moi je ne parlais et ne comprenais que le pur toscan.

Un de ces jours derniers je reçus la visite d’un brave homme, très intelligent et très cultivé, un certain prince Dolgoroucki.[1] Ma foi, le voir entrer me fit certes plaisir, mais son départ me réjouit davantage encore : tellement je suis satisfait quand personne ne vient m’entretenir ou me distraire. Je n’ai pas lu beaucoup non plus ; en pareilles circonstances, je lis toujours peu. Cependant je commandai la Correspondance de W. de Humboldt ; elle ne m’a que médiocrement plu, oui, il m’en coûta même d’en lire de longs passages. J’en connaissais déjà les meilleurs fragments par des

  1. Glasenapp, II, 2, 195 ; voir aussi plus haut.
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