Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/196

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siblement là où le veut le poëte. Il est évident, maintenant, que chacun va jusqu’où sa compréhension personnelle peut le mener ; mais toujours est-il que chacun a compris à sa façon. Ainsi adviendra-t-il, quand mon travail musical sera terminé : les phrases mélodiques apparaissent, s’entrelacent, captivent et charment ; l’un s’en tiendra à ce thème, l’autre à tel autre thème ; ils écouteront et comprendront vaguement et, s’ils peuvent, saisiront finalement le sujet, l’idée. Ce point d’appui fait cependant défaut sans la musique ; à moins que le lecteur soit tellement doué, qu’il perçoive déjà la tendance persuasive dans l’action extraordinairement simplifiée.

Figurez maintenant, comment je me sens quand le mauvais temps et les lourdeurs de tête m’éloignent de ma musique ! Si je savais que Wesendonk soit rentré, et que je ne l’importunerais pas, je viendrais demain chez vous, dans le cas où le temps continuerait à être aussi mauvais. Imaginez-vous que je n’ai pas encore ma caisse avec la musique et le papier à écrire : les convois militaires en Italie l’ont retardée. Si je ne puis, encore une fois, pas travailler demain, je préférerais déguerpir ; même le chemin de fer pourrait m’offrir une chance. Tenons-nous donc à ceci ! Si Wesendonk n’est pas encore rentré, télégraphiez-le moi tout de suite. Si je n’ai pas reçu de dépêche dans la

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