Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/211

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poir de cause, aujourd’hui je le transcris, en n’y faisant aucune modification, sauf, par-ci par-là, de menus détails ; je me le joue et le trouve si bien, que c’est justement pourquoi je ne pouvais faire mieux. N’est-ce pas à en rire ? Et néanmoins ce n’est pas bon, puisque l’existence de cette hypocondrie prouve qu’il y a quelque chose qui cloche. Je ne puis me décider à me jouer avec chaleur et expression ce que j’ai esquissé rapidement. Dieu sait que je suis tellement l’opposé du mutisme parcimonieux, que j’exagère volontiers, tout au contraire, l’expansion. Cependant je sais précisément aussi, que j’ai eu à regretter souvent d’avoir été trop prompt à communiquer mes esquisses à des non-initiés, pour lesquels je n’éprouvais pas de sympathie, et chez qui je ne trouvais pas la chaleur nécessaire pour l’exacte et vive compréhension de mon objet. C’est pourquoi j’ai souvent juré de ne plus donner dans ce travers. Maintenant cette décision se retourne contre moi, et il m’arrive très souvent de ne pas pouvoir me mettre d’accord avec mes idées. Je veux cependant tirer une leçon de l’expérience d’aujourd’hui, et tâcher de n’être plus si méfiant envers mes esquisses. Finalement je deviendrai encore très léger dans cette voie, et exécuterai tout ce qui me passera par la tête tel que cela se présentera.

Assez pour aujourd’hui ! Je ne veux rien

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