Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

point pour ne pas me compromettre auprès des siens qu’il s’est abstenu de m’écrire plus tôt, mais seulement dans la croyance que je recevais déjà trop de lettres et pour ne pas m’importuner. Là-dessus, je lui ai envoyé une réponse pas mal !

30 Mai.

Après le travail, je me couche ordinairement un peu, pour fermer les yeux, pendant un quart d’heure. Hier, je voulus ne point céder à cette habitude, afin de vous écrire. La nature se vengea cependant : je fus pris d’un véritable vertige ; il me fallut cesser. Voyez donc, il en est ainsi de moi. Aujourd’hui, je m’asseois un moment encore pour vous écrire avant de commencer mon travail, et j’ai le plaisir de pouvoir répondre encore aux quelques lignes aimables de votre part, que la belle matinée m’a apportées. Car il fait beau aujourd’hui ! Si ce temps continuera, j’en doute. Le temps qu’il fait le matin a surtout de l’importance pour moi maintenant, et, s’il le faut absolument, je renonce à l’après-midi. Pensez un peu, depuis mon jour anniversaire, je me lève tous les jours à six heures, bois mon eau de Kissingen et me promène jusqu’à huit heures. Ce qui est heureux, c’est que les matinées ont été plus ou moins belles jusqu’à présent. Chère enfant, je voudrais vous voir aussi profiter de ces

— 198 —