Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/73

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lui, pour te consoler, voilà ma tâche, voilà ce qui s’accorde avec ma nature, ma destinée, ma volonté, mon amour. Ainsi suis-je à toi, ainsi arriveras-tu également à la guérison par moi ! Ici s’achèvera Tristan, — malgré les tourmentes du monde. Et avec lui, si je peux, je m’en reviendrai, pour te voir, pour te consoler, pour te rendre heureuse ! Cela s’évoque à moi comme le plus beau, le plus sacré des désirs ! Allons, valeureux Tristan, allons, vaillante Isolde ! Assistez-moi, venez au secours de mon ange ! Ici votre sang cessera de couler, ici les blessures guériront et se fermeront. D’ici le monde apprendra la haute et noble détresse de l’amour le plus sublime, les plaintes de la plus douloureuse des voluptés. Et, rayonnant comme un Dieu, en santé morale et physique, pur, tu me reverras alors, moi, ton humble ami !

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5 Septembre.

Je n’avais pas sommeil, cette nuit ! je suis resté longtemps éveillé. Ma douce enfant ne me dit point comment elle va. — Merveilleusement beau est le Grand Canal dans la nuit. Claires étoiles, lune à son dernier quartier. Une gondole glisse devant le palais. Au loin, des gondoliers s’appellent en chantant. C’est une sensation d’une beauté, d’une noblesse extra-

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