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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/174

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mencement de folie peut sauver aussi la vie ! Après quoi, je donnai quelques tours de clef, je poussai le verrou, pour cette année, sur Tristan, adressai tous mes remerciements pour quelques invitations à des triomphes en différentes villes de ma splendide patrie allemande, — et arrivai où je suis maintenant, afin d’« oublier que je vis !… »

Votre retour par le Saint-Gothard n’aura pas été non plus très charmant ! Pourtant j’étais heureux de ne pas vous savoir à mon côté pendant le voyage de Venise à Vienne : cette fois, j’avais le cœur assez étroit pour me féliciter de n’avoir à m’attribuer aucune complicité dans un désagrément quelconque pour vous et votre mari. Iphigénie, aussi, ne parut point au moment voulu. En revanche, j’étais heureux de savoir que vous seriez bientôt arrivée sur « la colline verte », où vous auriez la joie de retrouver les enfants.

L’état de votre mari m’a fait beaucoup de peine. Il est manifestement hypocondriaque. Je doute fort que la vie retirée de Zurich lui soit favorable. On a remarqué, dit-on, qu’il s’observe beaucoup moins quand il se distrait dans de grandes villes, au milieu d’une société nombreuse, etc, et qu’il se porte alors tout à fait bien. Il n’est pas fait d’ailleurs pour s’occuper avec succès de lui-même ; la lecture ne peut lui être d’un grand secours : il lui manque trop de ce qu’il faut acquérir dans la première