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135.

221. Penzing-lez-Vienne.
5 Juin 1863.
Chère et estimée amie ![1]

L’un de ces jours, il faut que j’écrive de nouveau, finalement, aux Wesendonk.[2] Seulement je ne puis le faire qu’au mari. La femme, je l’aime trop ; mon cœur est trop sensible, trop plein, quand je songe à elle. Moins que jamais je ne puis m’adresser à elle dans la forme qui s’impose impérieusement maintenant. Ce que mon cœur ressent, je ne puis le lui écrire sans me rendre coupable de trahison envers son mari, que je respecte et que j’estime beaucoup. Que faire donc ? Je ne puis tenir, d’une façon absolue, enfermés en moi mes sentiments, non plus : un être au moins doit savoir quelle est ma situation. C’est pour cela que je m’adresse à

  1. La lettre est adressée à Madame Wille (Zurich).
  2. Wagner avait été, au printemps de l’année 1863, en Russie, et s’installa en Mai à Penzing. Voir Glasenapp, II, 2, chap. XVI et XVII.