Aller au contenu

Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reflux, lumière et ombre, telle est la jeunesse. Des situations d’esprit, telles que vous les indiquez dans votre dernière lettre,[1] « le Gris »[2] ne les connaît pas. D’ailleurs, nous savons qu’elles passent, et cela nous console. Tandis que je suis ici à écrire, au balcon, les Alpes flamboient des plus tendres rougeurs crépusculaires. Si je pouvais en dérober un rose reflet et vous l’insuffler dans l’âme !

Je suis heureuse d’apprendre que vous allez à Weimar. Liszt est, après tout, l’homme qui vous est le plus proche. Ne vous laissez point gâter l’appréciation que vous avez sur son compte. Je connais une belle parole de lui : « J’apprécie les gens d’après ce qu’ils sont pour Wagner. » En ce qui concerne Vienne, voyons si la destinée nous sera favorable. Nous y songeons volontiers. J’ai eu pour la première fois des nouvelles de la princesse à Rome. Elle n’y rend visite qu’aux Nazaréens, les peintres Chrétiens, les peintres d’Église. Cela sert ses fins, et elle persévère avec une conséquence rigoureuse, quoiqu’elle doive s’ennuyer cordialement. À part Cornélius et Overbeck, il y a peu de jouissances à trouver là ; évidemment, je veux dire parmi les artistes vivants. Et maintenant encore une prière, que vous exaucerez bien, à

  1. Voir lettre 118.
  2. Ibidem, à la fin.