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Page:Wagner - Art et Politique, 1re partie, 1868.djvu/35

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dence intellectuelle, en se disant, comme on le lui persuadait à l’évidence, qu’en fin de compte on n’y avait pas tant perdu. La joie que fait éprouver cette consolation, accueillie avec une complaisance particulière surtout par nos versificateurs, est devenue la tonique de presque toute la littérature poétique contemporaine. On se présente comme si l’on recommençait tout à nouveau ; on ne se laisse égarer par aucune exhortation de nos grands maîtres, et l’on revendique, au contraire, le droit tout à fait poétique de gueusailler sans souci, au jour le jour. Pour l’esprit, Heine y a pourvu ; les incursions hardies dans le domaine de l’épopée sont facilitées par une étude de précaution des poésies de Byron ; ce que les Anglais, les Français et les Russes ont déjà imité, est encore une fois imité dans un honnête allemand, et si le libraire parvient habilement à donner à l’ouvrage l’apparence d’une douzaine d’éditions, un nouvel astre luit parmi la pléiade poétique de quelque journal, et l’affaire est en règle.

Noble et déplorable prince, qui croyait avoir ici quelque chose à protéger et à encourager ! Que pouvaient ses généreuses intentions, sinon révéler enfin l’impuissance de la littérature poétique de l’Allemagne ?

Après avoir invoqué deux nobles exemples donnés par des princes allemands, et en avoir constaté, au fond, le peu de succès, qu’est-ce donc qui peut encore nous autoriser à attendre un meilleur résultat d’une nouvelle tentative faite par un prince allemand ?