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DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

d’amitié, et, s’il le faut, tu m’entretiendras même de tes projets.

— Tu les connaîtras par l’exécution, fit-il. Des quadrilles, des galops, voilà qui est de ma force, n’est-ce pas ? Tu verras, tu entendras. Vois-tu ce chat ? Il me vaudra de solides droits d’auteur. Figure-toi un peu l’effet, quand, de ce museau si fin, du milieu de ces dents rangées en perles sortiront les mélodies chromatiques les plus inspirées, accompagnées des gémissements et des sanglots les plus délicats du monde ! Mais l’imagines-tu, mon cher ? — Bah ! vous n’avez pas d’imagination, vous autres ! — Laissez-moi ! laissez-moi ! vous n’aurez pas de fantaisie !

Je le retins avec de nouveaux efforts, renouvelant ma plus instante prière pour qu’il me conduisît chez lui, sans qu’il voulût y avoir plus d’égards. Son regard se tournait toujours vers le chat avec une sorte de surexcitation fébrile.

— Mais tout dépend de lui, s’écriait-il ; fortune, considération, gloire, tout cela est entre ses pattes veloutées. Que le ciel dirige son cœur et m’accorde la faveur de ses bonnes grâces. Son regard est bienveillant ; oui, oui, c’est de la nature chatière. Il est bienveillant, poli, poli par-delà toute mesure ; — mais c’est toujours un chat.

— Attends, je puis te réduire ; j’ai un chien magnifique qui te tiendra en respect. Victoire ! j’ai gagné. Où est mon chien ?

Il avait poussé ces derniers mots avec un cri