Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
X
AVANT-PROPOS

thousiasme. Par là le Poète-Musicien se révèle écrivain ingénieux, spirituel, mordant et original.

Il sied de voir enfin Wagner jouer le rôle d’observateur.

Les jugements formulés par le Maître dans maint article de la Gazette musicale rendent témoignage qu’il eut l’esprit de critique. Il posséda toutes les qualités indispensables à un censeur. Il sait, en effet, parfaitement discerner les défauts et les beautés renfermés dans les ouvrages qu’il étudie. Il excelle à distinguer l’essentiel de l’inessentiel, à débrouiller son sujet, ou pour apercevoir ce qu’il contient de défectueux, d’imparfait, ou pour parvenir à la partie cardinale qu’il traite ex-professo. Il est l’homme érudit, à l’esprit vigoureux et au cœur généreux, qui juge en grand, avec noblesse, faisant, quand bon lui semble, connaître lumineusement sa pensée ; l’homme enthousiaste qui croit à la sainteté de la musique ; l’homme juste qui demeure toujours ferme dans sa voie. Aussi bien sa critique est-elle, en dernière analyse, judicieuse, éclairée, savante et profonde. Il est vraiment, pour parler comme Balzac, « un censeur et un magistrat des idées ».

On peut faire dater de l’apparition de ces écrits, apparition qui coïncide d’ailleurs — nous l’avons vu — avec la naissance du Hollandais volant, la formation de l’art wagnérien. À partir de cette époque, Wagner est nettement réformateur ; il s’engage dans un chemin dont il ne doit plus s’écarter.

Des causes intérieures et des causes extérieures amenèrent cet événement. Je n’ai pas à les énumérer ici. Cependant je dois en citer quelques-unes qui montrent particulièrement l’influence exercée sur la pensée du Poète-Musicien par son séjour à Paris.

En arrivant dans le « centre de la vie moderne »[1], Wagner fut enthousiasmé par les prestiges de l’Académie

  1. L’Œuvre et la Mission de ma Vie, p. 39.