été transmise, ne se fussent trouvés tout achevés dans sa tête. Au contraire, je ne puis me persuader que Beethoven n’ait pas toujours rattaché le plan d’une symphonie à quelque idée philosophique, et ne l'ait combiné en conséquence avant d’inventer les divers thèmes.
— Et dans quelle œuvre trouverais-tu les preuves de ce que tu avances, répliqua-t-il avec vivacité ? Est-ce peut-être dans la symphonie de ce soir.
— Ce serait assez difficile ; mais il me suffira de te nommer la symphonie héroïque. Tu sais qu’elle devait d’abord s’intituler Bonaparte. Pourrais-tu me contester qu’une idée étrangère au domaine de la musique ait inspiré Beethoven et lui ait suggéré le plan de cette œuvre gigantesque ?
— Je suis enchanté que tu aies cité cette symphonie. Penses-tu que l’idée de l’héroïsme, qui, dans son audace impétueuse, s’élance au faite des grandeurs, soit en dehors de la région de l’art musical ? ou trouves-tu que, dans son enthousiasme pour le jeune dieu de la victoire, Beethoven l’ait chanté assez mesquinement pour qu’il puisse te venir à la pensée qu’il ait voulu mettre en musique les bulletins de la première campagne d’Italie ?
— Où veux-tu en venir ? Je n’ai rien dit de pareil.
— Tu ne l’as pas dit explicitement, mais c’est