Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/322

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identification de l’allemand en français ; mais il faut tendre à ce but. Les inversions, les constructions plus ou moins hardies s’atténuent toujours dans la musique si elles sont réellement réclamées par la musique.

« — Wagner réprouve absolument le style des paroles d’opéras. Son lyrisme part des faits les plus simples et s’exprime naturellement. Le traducteur manque à son devoir s’il ne s’attache pas à rendre le naturel de l’expression. Il ne faut jamais oublier en Wagner le caractère populaire germanique qui est très prononcé.

« — Les vers de l’Anneau du Nibelung sont des vers métriques mesurés par le nombre des accents forts et sans rimes. Ce type de vers libres peut avoir des avantages sérieux pour la musique, à la condition qu’il soit traité librement, dans un sens expressif.

« — On peut et l’on doit tirer des conditions sévèrement rythmiques et de l’exacte prosodie que comporte une traduction musicale bien faite de bonnes leçons pratiques, tant pour la composition de textes à chanter que pour l’accentuation correspondante du mélos lui-même. L’étude comparative des paroles et de la musique chez Wagner montre le défaut de nos mélodies courantes où le chant s’épanouit d’une manière sensiblement pareille sur les remplissages verbeux et sur les parties expressives ; elle incite à découper les mots suivant leur accent propre ; elle ne permet plus qu’on fasse aux syllabes muettes un sort anormal, illogique et qui va jusqu’à changer la physionomie de vocables à désinences féminines ; elle fait, enfin, condamner irrémissiblement la plate déclamation par valeurs égales qui sévit si tristement dans nos opéras.»