Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/359

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Siegfried.
Droit d’époux naisse pour Gunther !
Par l’anneau sois sous sa loi.
Brunnhilde.
Va-t-en, infâme,
lâche voleur !
Et n’ose de moi t’approcher !
Mieux qu’un acier
m’arme l’anneau.[1]
Non, perds tout espoir.
Siegfried.
Je vais te le prendre
puisqu’il le faut.
(Il s’élance sur elle ; ils luttent : Brunnhilde lui échappe, s’enfuit et se retourne pour se défendre. — Siegfried la reprend une seconde fois ; elle s’enfuit encore ; il la ressaisit. La lutte redouble de violence. Il s’empare de sa main et arrache du doigt l’anneau. Brunnhilde pousse un cri terrible. Comme brisée, elle tombe dans ses bras. Involontairement, son regard rencontre les yeux de Siegfried. Siegfried la laisse glisser sans force sur le banc de pierre, à l’entrée de la grotte.)
Siegfried.
Vois, c’en est fait !
C’est Gunther ton époux ;
vers ton réduit, guide-moi !
Brunnhilde.
(regardant devant elle, épuisée).
Que peut ta faiblesse,
o pauvre femme !
(Siegfried, d’un geste impérieux, la force à se relever. — Tremblante, d’un pas chancelant, elle regagne son réduit. — Siegfried tire son épée.)
Siegfried.
(reprenant sa voix naturelle).
Toi, Nothung, sois témoin.
Tout est loyal ici.
Gardant la foi due au frère,
elle et moi, sépare-nous !
(Il suit Brunnhilde.)
  1. Var. : Fort comme acier — rend cet anneau.