Page:Wagner - L’Art et la Révolution, 1898, trad. Mesnil.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25

même, il ne dépendait plus d’une institution qui sous de faux dehors artistiques dissimulait son véritable caractère d’entreprise commerciale. Cette joie de la liberté enfin conquise, cette joie de pouvoir être sincère et vrai sans retenue faisait oublier à Wagner les difficultés matérielles de sa nouvelle existence et tempérait la tristesse qu’il devait toujours éprouver dans le fond de l’âme en présence de l’impossibilité où il se trouvait de faire connaître à ses amis toute sa pensée artistique sous la forme vivante et directement active de l’œuvre d’art. Pensant qu’il ne lui serait jamais donné de voir représenter l’œuvre qui mûrissait alors dans son esprit, conscient désormais de tous les éléments de son art, il voulut au moins exprimer par le verbe les idées nouvelles qui pas à pas s’étaient développées et précisées en lui et faire connaître théoriquement sa conception du drame musical arrivée enfin à sa forme définitive.

Le premier de ces écrits théoriques est « l’Art et la Révolution » composé à Zurich en juillet 1849. Cette étude fut d’abord destinée à être publiée en traduction française dans un journal de Paris « le National », Mais les idées que Wagner y exprimait s’élevaient vraiment trop haut au dessus du niveau de la politique courante : l’on ne saisit pas ce qu’il voulait dire et on lui renvoya son manuscrit. C’est ainsi que