DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES i53
Cid, guerroyait contre le Maure, cependant que Hartus, la vieux pendragon celtique des bardes païens, maintenant, à la tète des Vingt-Quatre de la Table-Ronde, partait à la conquête du Saint-Graal. Dans le M6e~/ïye-/ï< le remaniement n’est pas
aussi radical ; il y a addition de nuances plutôt que superposition de faits. Uneinterpolation très apparente, cependant, c’est celle d’un des grands événements du x" siècle, ou plutôt du souvenir de cet événement, abouté là, bon gré mal gré, en plein V siècle la conversion des Hongrois au christianisme, sous leur duc Geysa. Les Moines jettent tout bonnement à travers le poème l’auteur de cette conversion l’évèque Pilgerin
de Passau ; ils en font l’oncle de Brunnhild. La Walkûre, nièce d’un évoque 1- Si j’avais été à la place des Moines, j’aurais plutôt mentionne saint Anschaire, l’apôtre des Scandinaves, au ix" siècle.
C’eût été plus logique.
Mais voilà toute la chrétienté en parlait, de cette conversion des Hongrois. Sylvestre II décernait le titre de roi à Étienne le Saint, fils de Geysa, et qui achevait l’oeuvre commencée par l’évéque Pilgerin. Comment passer tant de choses sous silence. Arrivèrent, ensuite, les Minnesânger, les Troubadours, avec tout le brocart de l’ère du gothique rayonnant. Ils remplacèrent, sur le heaume des héros, les ailes des casques barbares par le cimier de la Chevalerie ils gonnérent au-dessus des Hordes les bannières et les oriflammes, et le tourbillonnement des migrations s’arrangea en belles ordonnances de tournois. Nous
sommes à Worms, sur le Rhin, en plein xm° siècle, au plus beau moment de cette manière de Renaissance que suscita le zèle artistique de Frédéric II de Hohenstaufen. Du reste le pittoresque chevaleresque se trouve, çà et là, d’accord avec le vieux poème. Le Moyen Age n’avait-il pas eu son Siegfried Richard-Cœur-de-Lion ? Je ne crois pas que les Minnesânger aient beaucoup
