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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/240

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L’ANNEAU DU NIBELUNG

(WOGLINDE et WELLGUNDE, en plongeant, se sont approchées par derrière ; elles poussent, lorsqu'elles sont tout contre eux, un retentissant éclat de rire.)

ALBERICH, bondissant, surpris, des bras de FLOSSHILDE.

Est-ce de moi que vous riez, méchantes ?

FLOSSHILDE, s’arrachant brusquementà lui.

Comme de juste, au bout de la chanson.

(Elle remonte vite, avec ses sœurs, et mêle, aux leurs, ses éclats de rire).

ALBERICH, d’une voix déchirante.

Malheur ! hélas malheur ! O douleur ! O douleur ! (*) La troisième, la plus chère, m’a-t-elle aussi joué ? – Filles sans pudeur ! Perfides ! Vile engeance de débauche ! Ne vivez-vous que d’imposture, clique de Nixes sans foi ?

LES TROIS FILLES-DU-RHIN

Vallala ! Lalaleya ! Laleï ! – Heya ! Heya ! Haha ! – Tu devrais avoir honte, Alfe ! Cesse de criailler, là au fond ! Écoute

continuent de parler de « féeries » ou de « contes de fées » : nous hausserons les épaules et les plaindrons vivement. Mais tout au moins devront-ils constater, dès maintenant, qu’assez longtemps d’avance Wagner les prépare à voir, sur la scène, et ce crapaud, et, plus tard, chacune, sans exception, des bêtes de sa Tétralogie. – Touchant la vraisemblance scénique de tels détails, dans les conditions toutes spéciales du Festspiel-Haus de Bayreuth, cf. l'Avant-Propos, p. 132, note (2).

(*) Il faut noter ici la naissance du thème de la servitude (Partition, page 24, 5ème portée). Ce thème, qui exprime la tyrannie des choses, surgit logiquement pour caractériser la farouche passion impuissante d’Alberich. Non moins logiquement, il servira, partiellement, à symboliser l’Epieu de Wotan, l’Epieu sacré couvert des Runes des traités (Pactes, Conventions, Nécessité, Servitudes) et, partiellement aussi, le travail des Nibelungen.