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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

il ressort que, sollicité d’exposer ses idées sur l’Art, désireux d’éviter toute phrase trop didactique, Wagner, en 1860, vit surtout dans une traduction (qu’on lui réclamait en même temps), de ses Quatre Poèmes d’« opéras », le moyen de compléter cet exposé d’idées, de faciliter à des Français l’intelligence de ses principes, sur le Drame-Musical-Poétique-et-Plastique[1],

  1. Wort-Tondrama. – Les mots « Drame Musical » (Musik-Drama), qui servent de titre au livre d’ailleurs si remarquable de M. Schuré, sont tout à fait inadmissibles : Wagner lui-même (Gesammelte Schriften und Dichtungen, tome IX) les a repoussés, comme dénaturant son idée. Loin d’être drames mis en musique, ses œuvres sont, pour ainsi dire, « de la musique mise en action, de la musique devenue visible. » Il eût voulu que le monde les acceptât tels quels, sans dénomination spéciale. On a du reste vu que, pour l’Anneau du Nibelung, c’est un Bühnen-Festspiel, jeu-scénique-de-fête » ou festival scénique : ces vocables sont expressifs du but national de Richard Wagner, tel qu’il sera développé ci-dessous. Toutefois pourrait-on dire qu’à un point de vue critique, le terme le plus exact serait encore : « Action » (πρᾶξις), lequel s’étale en première page de la partition de Tristan und Isolde. Toutes ces affirmations trouveront leur commentaire dans le présent Avant-Propos.