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FASOLT, après quelques instants de muette surprise indignée.

Que dis-tu, ha ! penserais-tu à trahir ta parole ? à trahir la parole donnée ? Te fais-tu un jeu des Runes[1] inscrites sur ta Lance[2] même, des Runes du pacte stipulé ?[3]

FAFNER, ricanant.

Brave frère, avec ta loyauté ! La vois-tu à présent, niais, la perfidie ?

FASOLT

Toi, Fils-de-la-Lumière[4], si prompt à l’engager, écoute, et prends bien garde à toi : sois fidèle aux pactes conclus ! Si tu es quelque chose, c’est en vertu des pactes : sur ces bases, la puissance est solidement assise. Plus sage que nous n’étions

  1. « Les Runes d’Odin sont un trait significatif de sa physionomie. Les Runes et les miracles de « magie » qu’il operait par elles, constituent un trait considérable dans la tradition. Les Runes sont l’Alphabet scandinave, supposent qu’Odin fut l’inventeur des Lettres, aussi bien que de la « magie, » parmi ce peuple ! C’est la plus grande invention que l’homme ait jamais faite, ce fait de noter la pensée invisible qui est en lui à l’aide de caractères écrits… » etc. (Carlyle, Les Héros, traduction Izoulet Loubatiéres, p. 44.) L’occasion se présentera plus loin d’en dire davantage sur les Runes.
  2. On verra suffisamment par la suite ce qu’est cette Lance , et comment Wotan la posséde : « Puis, sur le Frêne-du-Monde » (sur le Frène symbolique du Monde, Yggdrasil chez les Scandinaves) « Wotan rompit une branche : le Puissant se tailla sur le tronc la hampe d’une Lance ». (Crépuscule-des-Dieux, scène I.) Elle est le signe de son pouvoir : « Les Runes des conventions loyalement débattues » (avec les grandes forces naturelles, les dieux, les géants, les nains et les hommes ; conventions par lesquelles il a donc non créé , mais organisé l’univers), « Wotan les inscrivit sur la hampe de la Lance : il la tint au poing, c’était tenir le Monde. » (Id. , ibid.)
  3. « La convention, arrêtée entre les Ases et l’architecte, avait éte confirmée en présence de bons témoins et avec beaucoup de serments. Car le géant trouvait peu sûr pour lui d’habiter parmi les Ases sans une bonne garantie. » (Edda de Snorro.)
  4. « Fils-de-la-Lumière » ou : « Fils-de-Lumière. »