Page:Wagner - Le Judaïsme dans la musique, trad. Trèves.djvu/22

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et fondamentalement altérée. Comme dans toute la vie du peuple juif, nous remarquons l’absence d’une vie intérieure, créatrice de renouveau ; tout est resté figé, morne, tant dans la forme que dans le fond. Exprimer une chose qui a perdu toute vitalité, qui n’est plus qu’une réalité caduque, cela correspond à un anéantissement et perd toute signification.

Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre dans une synagogue et l’on sera frappé par le grotesque que nous révèle le chant religieux. On ne sait ce qui l’emporte en nous de la répugnance, de l’horreur, ou du ridicule, lorsque nous entendons les gargouillements, les hurlements et les bourdonnements qui s’y confondent. Aucune caricature, si méchante fût-elle, ne saurait donner une impression plus repoussante du chant juif, que ce que nous voyons, en leur naïve nudité.

On a tenté, il est vrai, dans les sphères supérieures une réforme et on a voulu restaurer le chant juif dans sa pureté traditionnelle ; mais les efforts conscients et voulus de l’intelligence de certains Juifs cultivés ne purent rien tenter contre l’habitude séculaire. Ce fut là aussi un essai de haut en bas et par cela même, il fut condamné à l’impuissance finale. Or, dans ces conditions, toute tentative essayée par le Juif cultivé pour se retremper dans l’âme de son peuple afin de satisfaire à son besoin artistique, devenait vaine et il ne pouvait dans le peuple trouver le miroir de son intelligence. À la recherche du spontané, il ne trouve devant lui qu’une déformation enlaidie du réfléchi qui est son essence même.