Page:Wagner - Le Judaïsme dans la musique, trad. Trèves.djvu/29

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leurs actions ont comme mobile : l’ennui, Mais l’ennui ne saurait être guéri par une joie artistique. L’ennui ne s’en va pas : on n’arrive qu’à faire naître l’illusion en variant à l’infini les formes mêmes de l’ennui.

C’est cette illusion qu’a cherché à produire ce célèbre compositeur d’opéras et ce fut là sa mission artistique. Pas n’est besoin de spécifier l’emploi des moyens auxquels il s’est astreint pour atteindre son but. Il lui a suffi, et son succès en fait foi, à créer l’illusion et il a même réussi à imposer à ses auditeurs le jargon juif que nous avons déjà caractérisé plus haut[1]. Ce compositeur a recherché et employé dans ses œuvres les effets dus aux conflits sentimentaux et rien n’est plus naturel, car il est notoire que les gens qui s’ennuient se distraient volontiers aux sensations de cet ordre. Il n’y a pas à s’étonner que la chose lui ait réussi, quand on considère les raisons pour lesquelles, en de pareilles circonstances, tout doit lui réussir. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que ce compositeur illusionniste s’illusionne certainement lui-même, peut-être avec intention, ainsi qu’il le fait pour son public de blasés. Nous croyons réellement qu’il voudrait créer des œuvres d’art, mais qu’il a conscience de son impuissance. Pour sortir de ce dilemne entre vouloir et pouvoir, il écrit des

  1. Pour quiconque a observé la tenue insolente et l’indifférence d’une assemblée juive à sa synagogue, au cours d’un service divin en musique, il est facile de comprendre qu’un compositeur d’opéra juif ne se sente pas blessé de retrouver la même chose chez un public de théâtre et soit capable de travailler sans dégoût pour lui, car elle doit lui paraître moins inconvenante ici que dans la maison de Dieu.