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Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/315

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LOUISE ET FRÉDÉRIC BROCKHAUS À PARIS

sion d’ameutement. Un matin, je le laissai sortir comme d’habitude, mais il ne revint plus et demeura à jamais perdu malgré toutes les inventions que je mis en œuvre pour le retrouver. Ceux qui connaissaient notre situation considérèrent cette perte comme une bonne chose, car on s’étonnait que, manquant nous-mêmes du nécessaire, nous nous fussions chargés de nourrir un chien de cette taille.

À cette époque, environ dans le deuxième mois de notre séjour à Paris, ma sœur Louise vint de Leipzig rejoindre son mari, Frédéric Brockhaus, qui l’attendait depuis un certain temps. Ils avaient l’intention de faire un voyage en Italie et Louise profita de son passage à Paris pour se livrer à différentes emplettes de femme riche. Je trouvai naturel qu’ils n’éprouvassent ni pitié pour nous, ni responsabilité envers des parents qui semblaient avoir agi avec imprévoyance en se fixant à Paris. Aussi, sans me donner pourtant l’apparence d’être dans une situation agréable, je ne voulus tirer aucun avantage de notre parenté. Minna fut même assez bonne fille pour aider ma sœur de ses conseils dans le choix de ses achats de luxe, car nous étions avant tout désireux de ne pas donner à nos parents riches le soupçon que nous cherchions à éveiller leur compassion.

Grâce à ma sœur, je fis cependant une singulière connaissance qui prit bientôt une part importante à tout ce qui me concernait. C’était le jeune peintre Ernest Kietz, de Dresde, véritable enfant de la nature, étonnamment sincère et cordial. Sa facilité à faire le portrait, d’après une manière à lui, avec des crayons de