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Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/377

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SUBSIDES DE LEIPZIG

puisque la représentation de mon œuvre devait dépendre de son successeur. On verra ce qui s’ensuivit.

Mon retour tant désiré en Allemagne, et que légitimaient de sérieuses espérances, fut enfin rendu possible par l’intérêt que les membres aisés de ma famille se décidèrent à prendre à mon sort. De même que Didot avait eu ses raisons pratiques de demander au ministre Villemain un subside pour Lehrs, de même mon beau-frère Avénarius résolut, voyant la tournure que prenait ma lutte contre la misère, d’intercéder auprès de ma sœur Louise et de me procurer un secours fort inattendu. Le 26 décembre 1841, ce fut moi qui apportai une oie à Minna, et cette oie tenait dans son bec un billet de cinq cents francs que ma sœur Louise m’avait fait parvenir par l’entremise d’Avénarius et d’un riche commerçant de ses amis, M. Schletter.

Cet agréable subside, qui ranimait notre pauvre intérieur, n’eût peut-être pas suffi à me mettre de si bonne humeur, s’il ne m’avait ouvert la perspective de quitter Paris définitivement. Deux de mes œuvres étant décidément acceptées par de grands théâtres allemands, je crus le moment venu de m’adresser à mon beau-frère, Frédéric Brockhaus ; j’avais l’espoir d’être mieux accueilli que l’année précédente où, dans ma détresse, je lui avais demandé un secours. Il m’avait répondu négativement parce que, disait-il, « il n’était pas d’accord avec ma règle de conduite ». Je ne m’étais pas trompé cette fois, et, à la veille de mon départ de Paris, il m’envoya ce qu’il me fallait de fonds pour le voyage.

Le cœur plein d’espoir, et jouissant de l’amélioration