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Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/73

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UN CONSEIL DE FAMILLE

remonta un peu. Mais il me fut impossible d’obtenir de Kuehnlein des raisons précises motivant son appréciation. En revanche, il se livra à de nouvelles invectives à l’adresse de Weber et me conseilla de m’en tenir uniquement à Mozart. Je conservai cependant une certaine impression de ses discours, car il s’exprimait toujours avec beaucoup de chaleur et d’emphase.

C’est au cours de cette visite à Magdebourg que je suis entré en possession d’un document précieux qui devait m’entraîner bien loin du chemin conseillé par Kuehnlein. J’avais acquis la partition du grand quatuor en mi bémol majeur de Beethoven, œuvre nouvelle encore et que mon beau-frère avait fait copier à mon intention. Riche de ce trésor et de mes récentes expériences, je retournai à Leipzig, foyer de mes fantaisistes études musicales. Ma famille y était de nouveau réunie avec ma sœur Rosalie et l’on allait apprendre enfin ma situation pitoyable à l’école, car je ne pouvais plus la dissimuler.

Ma mère venait de recevoir un avis lui annonçant que je n’avais plus paru au collège depuis six mois. La plainte adressée autrefois à mon oncle par le recteur lui-même étant restée sans réponse et sans effet, les professeurs avaient renoncé à me surveiller, et cela avec d’autant plus de raison que j’avais complètement cessé de paraître en classe. Le conseil de famille se réunit encore. Que devait-on faire de moi ? Je protestai si vivement de mon sincère penchant pour la musique que mes parents tombèrent d’accord pour me faire au moins apprendre à jouer convenablement d’un instrument. Mon