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FERDINAND HEINE

tion ; il avait une entière confiance en son succès et s’était mis à l’œuvre avec énergie pour la faire étudier. Lorsque j’eus franchi le seuil de sa chambre et que je me fus nommé, il poussa un cri de joie et s’élança vers moi les bras ouverts. Soudain, je me trouvai transporté dans une atmosphère d’espérance.

En outre, je trouvai en l’acteur Ferdinand Heine et sa famille l’appui d’une amitié sincère et cordiale. Il est vrai que j’avais connu Heine dans mon enfance : il était alors parmi les quelques jeunes gens que mon beau-père Geyer aimait à réunir autour de lui. Son talent de dessinateur était sans grande valeur assurément, et c’était plutôt les agréables qualités qu’il déployait en société qui l’avaient fait recevoir dans le cercle intime de notre famille. Comme il était fort petit et fluet, mon beau-père l’appelait « Davidchen » (petit David) et c’est sous ce surnom qu’il prenait part aux réunions amicales dont j’ai déjà parlé, réunions qui avaient souvent pour but d’excursionner à la campagne et dans lesquelles on voyait aussi Carl-Marie de Weber, ainsi que je l’ai raconté.

Appartenant à la bonne école ancienne, Heine était un membre utile, mais non remarquable, de la troupe de comédie de Dresde ; il possédait tous les talents d’un excellent régisseur, dont il remplissait les fonctions, mais il ne sut jamais gagner les bonnes grâces de la direction. On mettait volontiers à contribution ses aptitudes de dessinateur et c’est à ce titre qu’on l’avait appelé à donner ses conseils pour la première de Rienzi. Il put donc s’occuper ainsi de l’œuvre d’un membre de la