Page:Wagner - Ma vie, vol. 3, 1850-1864.pdf/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

44
RETOUR À ZURICH (NOVEMBRE 1851)

cales n’étaient pas venues ; j’avais seulement maigri d’une façon effrayante. Je me contentai donc de ce résultat et pensai en avoir fait assez pour que les suites fussent favorables. À la fin de novembre, je quittai l’établissement. Müller suivit mon exemple quelques jours après. Carl resta seul, pour obtenir à son tour l’amélioration dont je me vantais.

À Zurich, je fus très satisfait de notre nouveau logis. Bien qu’il fût fort étroit, Minna l’avait bien installé. Un large et grand divan, quelques tapis, des meubles commodes avaient été achetés. Dans la chambre sur la cour, je trouvai ma table de travail. Comme elle était en bois commun, on l’avait, sur mes instances, recouverte d’un drap vert et garnie tout autour de rideaux en légère soie verte. Cela me plut énormément et tout le monde partagea mon goût. Cette table, à laquelle j’ai toujours travaillé depuis, me suivit à Paris bien des années plus tard, et lorsque je quittai cette ville, elle devint la propriété de Blandine Ollivier, fille aînée de Liszt. Cette dernière l’envoya dans la propriété de son mari, à Saint-Tropez, et je crois qu’elle y est encore.

Il me fut agréable de recevoir mes amis de Zurich dans cet appartement, plus commodément situé que le précédent. Mais longtemps, je gâtai toutes nos réunions amicales par une persistance passionnée à faire de la réclame pour l’hydrothérapie et à combattre en fanatique le vin et autres boissons alcooliques. J’avais fait ma religion de ces idées. Lorsque Sulzer, et Herwegh surtout qui se piquait de connaissances en chimie et en physique, me poussaient dans mes retranchements, et