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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/69

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mari était présent, il connaissait Liszt de longue date. Dans une lettre que Wagner nous écrivit en 1870, peu après la bataille de Sedan, je trouve une allusion à cette journée passée ensemble : » Lorsqu’il fut alors question de l’empereur, que Liszt plaçait sur un piédestal, » écrivait Wagner, « Wille prophétisa que Louis-Napoléon irait encore à la voirie, ce qui sembla choquer beaucoup Liszt, qui connaissait personnellement l’empereur. Nous en parlons journellement à présent et Wille doit se résigner à passer parmi nous pour un prophète. »

Mon mari m’a aussi raconté que lors de cette réunion dans la maison de Wagner, il avait demandé à Liszt s’il ne pourrait se servir de son influence à la cour de Weimar pour faire rentrer Wagner en Allemagne, à quoi Liszt répondit qu’il ne connaissait ni position, ni théâtre qui pût convenir à Wagner. Scène, chanteurs, orchestre, il fallait que tout, en un mot, fût recréé par lui. Et sur l’observation de Wille que pareille entreprise coûterait bieii un million, il s’écria en français, se servant de cette langue comme il le faisait d’ordinaire quand il était particulièrement surexcité : « Il l’aura ! Le million se trouvera ! »

J’acceptais peu d’invitations en ville, mais j’allai pourtant une fois souper chez Wagner,