Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/75

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poursuivre au fond de ma pensée, les conséquences de ces condamnations qui devaient produire un monde d’où l’honneur serait exclu. Les sophismes et les opinions poussées jusqu’à l’extrême n’étaient rien de nouveau pour moi, mais les formes raffinées donnaient à ces tendances révolutionnaires une sorte de « haut goût » ; cette fois, la poésie et l’art manquaient avec leur entraînante éloquence.

Puis, les éléments étrangers disparurent, le trio se retrouva seul et reprit ses vieilles habitudes ; on parla de nouveau de Gœthe, même de Schiller. Le Romancero de Heine venait de paraître, on le lisait et le discutait beaucoup. Peut-être ai-je attaché toute ma vie plus de prix à l’esprit et à l’imagination que ne l’admet la raison, mais, c’est de contrastes et de contradictions, de la multiplicité des impressions et des expériences contradictoires, de beau et de laid, d’une part de vérité et d’une autre part d’excentricité, que se forme notre originalité : nous n’absorbons que ce que nous pouvons nous assimiler. Le mot de Montaigne convient bien à ma vieillesse : « J’aime la vie, je la pratique et la cultive telle qu’il a plu à Dieu de me l’octroyer. À mesure que l’homme extérieur se détruit, l’homme intérieur se renouvelle. »

Il y eut un temps où Herwegh était profon-