Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Wagner désapprouvait les chœurs d’hommes à quatre parties : un chœur auquel les voix de femmes manquaient, à moins que ce ne fût un chœur guerrier, était pour lui une chose monstrueuse. Quant à l’importance des fêtes musicales pour le développement du peuple, elle lui échappait entièrement, car le peuple n’avait pour Wagner qu’une valeur idéale dont il ne songeait point à tenir compte dans la pratique. Il n’avait pu faire autrement que d’accepter l’invitation présentée d’une façon pressante, mais, à la dernière heure, le juge d’honneur si ardemment attendu, se fit excuser.

En hiver, quand les concerts recommencèrent dans la salle du Vieux Musée, Wagner, avec des forces moindres, montra plus d’une fois la grandeur de sa direction.

En pensant à ces concerts, je ne puis m’empêcher de dire quelques mots de mon étonnement, quand j’entendis pour la première fois, dans les entr’actes, la haute société de Zurich échanger des propos de salon dans le dialecte du pays. Dans notre bon Hambourg, le patois a si bien disparu que valets de chambre et cochers se sentiraient offensés si l’on pouvait s’imaginer se faire comprendre d’eux de cette façon, mais aujourd’hui comme alors, le Zurichois cultivé, le savant même, tient à honneur