sienne pendant des années ! Lorsqu’il nous avait lu jadis la préface d’Opéra et Drame, sa femme était présente et elle avait entendu avec nous les dures paroles que Wagner avait prononcées pour condamner les unions contractées dans la jeunesse, au milieu de circonstances déplorables. Elle avait dit alors : « J’ai assez de lettres pour prouver qui l’a voulu ! Ce n’est certes pas moi ! » et Wagner avait répondu en riant : « Pauvre femme, qui croyais être heureuse avec un monstre de génie ! » J’avais le sentiment que Wagner avait pourtant aimé cette femme dans sa jeunesse, quoiqu’elle fût à mille pieds en-dessous de lui, et qu’il pensait en ce moment à son existence solitaire à Dresde ; je me disais : « Il sait que son devoir est de lui envoyer le nécessaire et ce souci l’oppresse, en même temps que tous ses autres soucis pécuniaires. » Il m’avait parlé la veille de cette préoccupation. Comme je me taisais toujours, il tira une lettre et me dit : " Grâce à cette lettre, ce dont je me plaignais hier, n’a plus de raison d’être. On est assez honnête à Paris pour payer un tantième au compositeur dont on a exécuté les œuvres en plein air ! »
Puis, s’animant subitement, il s’écria : « Tout aurait pu bien marcher entre ma femme et moi ! Mais je l’ai déplorablement gâtée ! Je lui ai cédé