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RETOUR À DRESDE DES CENDRES DE WEBER

comme à la fin de l’opéra. Ce morceau symphonique s’adaptait donc fort bien à la circonstance ; je l’avais orchestré pour quatre-vingts instruments à vent choisis, et j’avais eu là l’occasion d’étudier à fond, entre autres choses, l’emploi de leurs registres les plus doux ; je remplaçai le trémolo des altos, qui scande de ses frémissements la partie empruntée à l’ouverture, par vingt tambours voilés jouant pianissimo ; j’obtins ainsi, même dès les répétitions au théâtre, une impression d’ensemble si exceptionnellement saisissante, et surtout si exactement en harmonie intime avec nos souvenirs sur Weber, que Mme Schrœder-Devrient, présente à la répétition, et qui, il faut le dire, avait été en relations personnelles d’amitié avec le maître, fut enlevée aux plus hauts sommets de l’émotion, et que je pus me féliciter de n’avoir jamais rien fait qui répondît si parfaitement au but. L’exécution de cette musique en plein air, pendant le cortège solennel, ne fut pas d’un effet moins heureux ; des