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RETOUR À DRESDE DES CENDRES DE WEBER

circonstance toute récente et particulièrement touchante me fournissait matière : la mort du fils cadet du maître défunt, Alexandre de Weber, arrivée peu de temps avant cette translation. La perte inattendue de ce jeune homme à la fleur de l’âge avait causé à sa mère une si effrayante secousse, que si notre entreprise n’avait pas été déjà trop engagée dans la voie du succès, nous nous serions vus presque obligés d’y renoncer, car la veuve semblait disposée à reconnaître dans cette nouvelle et terrible perte un arrêt du ciel, qui signalait ainsi comme un péché de vanité ce désir de transférer la dépouille de celui qui était pour longtemps parti. Voyant que le public, dans sa sentimentalité particulière, donnait aussi accès à des imaginations de ce genre, je me regardai comme chargé du devoir de présenter au contraire notre entreprise sous son vrai jour ; j’y réussis de telle sorte, qu’il ne s’éleva plus la moindre objection contre ma justification, à ce qu’on m’attesta de toutes parts. Ce