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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI


Quant à l’artiste, moins bien doué et assez mal dégrossi, (jui chantait le grand-prêtre, le maître lui fit pourtant une leçon circonstanciée sur la façon de comprendre son personnage, dont il devait déduire le caractère de son récitatif dialogué avec l’aruspice ; il lui montra que d’après ce passage, l’ensemble du rôle reposait sur la fourbe sacerdotale et sur les calculs pour tirer parti de la superstition. Le pontife devait donner à comprendre qu’il ne redoutait nullement son adversaire, tout placé que fût celui-ci au pinacle de la puissance militaire de Rome ; qu’il se tenait prêt aux pires événements ; qu’à l’aide des appareils à sa disposition, il pouvait, dès que les choses ne prendraient pas une autre tournure, produire à son gré le miracle qui devait rallumer le feu sacré de Vesta, sauvegardant ainsi l’influence sacerdotale, même au cas où Julia échapperait à l’immolation.

À l’occasion d’un entretien sur l’orchestre, je priai Spontini de m’expliquer pourquoi, lui