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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

appelé par le Saint-Père, qui venait de lui conférer le titre de Comte de San Andrea. En même temps il nous montra un second document, par lequel le roi de Danemark venait de lui donner des lettres de noblesse. En réalité il s’agissait du brevet de chevalier dans l’ordre de l’Éléphant, brevet qui confère en en effet la dignité nobiliaire ; mais ce n’était pas de la décoration, chose de peu de prix à ses yeux, que faisait mention Spontini ; ce qu’il citait avec fierté, c’était ce titre aristocratique. L’orgueilleux contentement qu’il en éprouvait éclatait par les transports d’une joie enfantine. Du cercle étroit des travaux de la Vestale à Dresde, il avait été transporté, comme par l’effet d’un charme libérateur, dans une sphère de gloire, du haut de laquelle il contemplait ce monde et ses misères d’opéra avec un sentiment de béatitude angélique. Rœckel et moi, comme bien on pense, nous bénîmes du fond du cœur le Saint-Père et le roi de Danemark. Nous fîmes nos adieux