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LETTRE SUR LE TANNHÆUSER


À l’automne de la même année, je me mis en route pour Paris ; j’avais toujours en vue la représentation de mon Tristan, pour laquelle je comptais être appelé à Karlsruhe le 3 décembre ; je pensais qu’après avoir présidé en personne à la première audition de mon œuvre, je pourrais la laisser passer aux autres théâtres allemands ; la perspective de m’y prendre de même à l’avenir, pour mes autres œuvres, me suffisait ; dans cette hypothèse, l’unique intérêt que Paris gardât pour moi était d’y entendre, de temps à autre, un excellent quatuor, un orchestre d’élite, et de pouvoir ainsi me retremper dans ce commerce suivi avec les vivants organes de mon art. Ces projets furent renversés d’un seul coup par la nouvelle qui m’arriva de Karlsruhe : on y déclarait impossible la représentation du Tristan. Les difficultés de ma situation me suggérèrent aussitôt l’idée d’engager à Paris, pour le printemps prochain, des chanteurs allemands d’un talent et d’une réputation éprouvés et de