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LETTRE SUR LE TANNHÆUSER


Pendant que les obstacles s’accumulaient ainsi autour de moi, et au moment où, dévoré de soucis, je tournais de nouveau les yeux vers l’Allemagne, j’appris, à ma grande surprise, qu’à la cour des Tuileries ma situation avait été l’objet d’entretiens et de chaleureuses recommandations. Ce mouvement de sympathie si extraordinaire, je le devais à l’initiative jusqu’alors ignorée de quelques membres de la légation allemande à Paris. Leurs efforts réussirent si bien, que l’empereur, sur les instances d’une princesse allemande fort en faveur auprès de lui, et qui parla surtout de mon Tannhæuser avec les détails les plus engageants, donna immédiatement l’ordre de monter cet opéra à l’Académie impériale de musique.

Sans nier le vif plaisir que me causa ce témoignage tout à fait inattendu du succès de mes œuvres, dans un monde à l’écart duquel j’étais si complètement resté, j’avoue cependant que je n’envisageai pas sans une grande appréhension une représentation du Tannhæuser