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SOUVENIRS

public ordinaire d’opéra, par laquelle on saisit l’ensemble, l’unité d’une œuvre, ces conditions, dis-je, n’ont pas encore été réalisées pour mes auditeurs ; ceux-ci, au contraire, ne pouvaient s’attacher, jusqu’à présent, qu’à des épisodes brillants, aisés à comprendre, tout en dehors, et placés là par moi simplement pour encadrer mon tableau ; ces auditeurs ont dû se borner à remarquer ces pages, et à les saluer de leurs vives sympathies. En admettant que j’obtienne maintenant cette audition paisible et recueillie de mon opéra, je n’en redouterais pas moins ce que je vous ai marqué précédemment sur le caractère de l’exécution d’ici : elle était foncièrement dépourvue de vigueur et d’élan, cette exécution, et c’est là une chose qui n’a échappé à aucun de ceux auxquels l’œuvre est familière. Quant à moi, il m’était interdit d’intervenir en personne pour stimuler cette faiblesse ; j’aurais donc peur qu’elle ne devînt peu à peu évidente et manifeste, si bien que j’ai renoncé à tout