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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

inconvenances qui, d’ailleurs, ne sont nullement ressenties de ceux qui en sont l’objet. Il s’en plaignait un jour à moi : « Mon Dieu ! dans Tristan, ce n’est pas mon jeu et mon chant qui me fatiguent, mais la bile que je me fais dans l’intervalle ; rester couché par terre, sans bouger, après le grand échauffement de l’agitation précédente, et la transpiration qui s’en suit, dans la grande scène du dernier acte, voilà ce qui m’est mortel ; car j’ai eu beau faire, je n’ai pu obtenir qu’à ce moment le théâtre fut clos, de façon à empêcher le terrible courant d’air qui passe sur moi, froid comme glace, tandis que je reste immobile, et me transit à en mourir ; pendant ce temps, ces messieurs, dans les coulisses, sont en train de pondre le cancan du jour ! » Comme nous ne remarquions chez lui aucune trace de refroidissement et de rhume, il eut l’air triste et nous donna à entendre que de tels coups d’air auraient pour lui d’autres suites plus graves. Son irritabilité, pendant les derniers jours de