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SOUVENIRS

mes œuvres dramatico-musicales ; qu’avant de réussir à les obtenir quelque part, je me résignais avec patience à mon singulier destin, et que je n’avais nul ressentiment contre qui s’y trouvait impliqué sans qu’il y eût de sa faute. De mes explications, Rossini sembla conclure avec regret que je n’avais pas lieu de garder, des conditions faites aux musiciens en Allemagne, un souvenir satisfait ; en retour, et comme préambule à un court exposé de sa propre carrière d’artiste, il me confia cette opinion, jusqu’alors gardée pour lui, que sa véritable destinée eût pu être remplie, s’il fût né dans mon pays et qu’il y eût été formé. « J’avais de la facilité, déclara-t-il, et peut-être j’aurais pu arriver à quelque chose »[1].

Mais de son temps, continua-t-il, l’Italie n’était déjà plus le pays où un plus sérieux effort, surtout et précisément sur le terrain de la musique d’opéra, aurait pu être provoqué

  1. La phrase en italique est citée en français dans le texte.