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SOUVENIRS

gions du mystère aussi ne sera-t-elle connue que de vous.

Et d’abord, permettez-moi d’établir les faits historiques.

En l’ère chrétienne de Leipzig (est-il quelqu’un de mes concitoyens qui ait gardé souvenir de tout cela ?), ce qu’on appelle le Gewandhaus-Concert était accessible même aux débutants de ma tendance, l’admission d’œuvres nouvelles dépendant en dernier ressort, à cette époque, d’un digne vieillard, le conseiller aulique Rochlitz, qui présidait le comité, et faisait les choses avec beaucoup de soin et de conscience. Ma symphonie lui ayant été soumise, je dus en conséquence lui rendre mes devoirs.

Quand je me présentai en personne, cet homme imposant assujettit ses lunettes, et s’écria : « Qu’est-ce à dire ? Vous êtes un tout jeune homme ! Je m’attendais à un compositeur bien plus âgé, à en juger par sa grande expérience ! » La chose allait au mieux ; la