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SOUVENIRS


Pouvais-je m’expliquer d’une façon plus précise et plus expressive contre tout antagonisme allemand et français, en matière d’art, que je ne l’ai fait dans ce joyeux banquet auquel mes amis français m’ont invité à Bayreuth ? J’ai reconnu aux Français un art admirable pour donner à la vie et à la pensée des formes précises et élégantes ; j’ai dit, au contraire, que les Allemands, quand ils cherchent cette perfection de la forme, me paraissent lourds et impuissants. Je voudrais que, quand les Français cherchent à entrer en rapport avec les nations étrangères pour renouveler leurs conceptions intellectuelles, et échapper à l’épuisement et à la stérilité, surtout lorsqu’ils ont recours à l’Allemagne, je voudrais, dis-je, que les Allemands eussent à leur montrer, non une caricature de la civilisation française, mais le type pur d’une civilisation vraiment originale et allemande. Si l’on combat à ce point de vue l’influence de l’esprit français sur les Allemands, on ne combat