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SOUVENIRS

a surgi en moi durant l’audition de l’opérette[1] où j’ai vu se manifester des facultés remarquables, tant de la part des élèves que de celle du jeune compositeur. Quelle serait, me demandais-je alors, la direction à donner à des dispositions si notoires ? Comment prévenir leur altération au contact de la manière théâtrale actuelle ? Comment empêcher, par exemple, que les chanteurs courent incessamment vers la rampe déclamer leurs sentiments au public ? Comment faire qu’un jeune compositeur tienne compte de son sujet, et n’applique point des effets d’opéras héroïques et tragiques à une idylle ? Comment surtout éviter cette recherche de l’effet à l’aide des moyens les plus étrangers au grand art scénique ? Comment, enfin, inculquer d’une manière ineffaçable le sentiment du beau à ces jeunes natures si richement douées ?

« J’ai cherché la réponse à ces questions,

  1. Ouvrage d’un des élèves de l’établissement.