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LA MORT DE RICHARD WAGNER

mandée pour faire sa promenade quotidienne sur le Canal Grande qui baigne le palais Vendramin, il fut pris d’un étouffement subit. Il murmura : « Je me sens très mal », et tomba évanoui. On le porta sur son lit. Le docteur Keppler, son médeein ordinaire, appelé, accourut aussitôt.

Il trouva Richard Wagner toujours évanoui, dans les bras de sa femme, qui croyait que son mari était endormi. Le docteur constata encore quelques faibles battements du cœur, mais la paralysie gagnait de plus en plus. Tous ses efforts pour retarder le dénouement fatal furent vains. Wagner expirait quelques moments après, vers quatre heures, entouré de sa femme et des enfants de celle-ci, après avoir cherché à serrer dans ses bras son fils unique, Siegfried, la joie de ses derniers ans.

Wagner, depuis son arrivée à Venise, avait le pressentiment de sa mort. Lui, d’ordinaire si gai, si enjoué, si pétulant, il avait eu dans ces derniers temps de fréquents accès de mé-