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ESQUISSE AUTOBIOGRAPHIQUE

Pour aller voir un de mes frères, je fis le voyage de Würzbourg et j’y restai toute l’année 1833 ; mon frère, en sa qualité de chanteur expérimenté, avait pour moi quelque importance. Je composai cette année-là un opéra romantique en trois actes, les Fées, dont je m’étais fabriqué le texte moi-même d’après la Femme serpent de Gozzi[1]. Beethoven et Weber étaient mes modèles : dans les ensembles il y avait plus d’une chose réussie : le finale du deuxième acte surtout promettait de faire grand effet. Tout ce que je fis entendre de cet opéra dans les concerts à Wiirzbourg fit plaisir. Animé des meilleures espérances au sujet de mon œuvre terminée, je revins à

  1. Gozzi (le comte Carlo), né à Venise en 1718, mort vers 1801, composa un grand nombre de pièces-féeries : le Roi cerf, le Monstre bleu turquoise, le Petit oiseau d’un beau vert, l’Amour des trois oranges, etc. ; il fut revendiqué par l’école romantique.