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SOUVENIRS

venir exécutable ; la traduction de cet opéra, déjà à moitié achevé, aurait même créé d’insurmontables obstacles.

C’est ainsi que j’entrai dans l’été de 1840, complètement dénué de toute perspective prochaine ; mes relations avec Habeneck, Halévy, Berlioz, etc., ne pouvaient nullement contribuer à m’en ouvrir quelqu’une : à Paris, il n’existe pas d’artiste qui ait le temps de lier amitié avec un autre, chacun se démène et s’agite pour son propre compte. Halévy, comme tous les compositeurs parisiens de notre époque, n’a été enflammé d’enthousiasme pour son art que juste le temps qu’il fallut avant d’arriver à obtenir un grand succès : à peine celui-ci remporté, et l’auteur rangé dans la catégorie privilégiée des lions[1] de la musique, qu’il n’eut en tête qu’une chose, faire des opéras et en tirer argent. La renommée[2] est tout à Paris, elle fait le bonheur et la perte des

  1. En français dans le texte.
  2. En français dans le texte.