Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 24 —

alors la forme de l’ouverture, c’est-à-dire la forme originelle à motifs, la forme symphonique d’une danse eût cessé d’exister, et c’eût été là le point de départ de la création d’une forme nouvelle.

Demandons-nous quelle pourrait être cette nouvelle forme. Nécessairement, celle qui, chaque fois, conviendrait au sujet et au développement qu’on doit en faire. Et quel serait ce sujet ? Une donnée poétique. Donc — frémissez — de la « musique à programme » .

Ceci paraît dangereux, et, à l’entendre, d’aucuns se plaindraient volontiers bien haut qu’on ose de sang-froid condamner la musique à la non-autonomie. Mais examinons de plus près ce qu’il faut penser du reproche. Cet art incomparable, le plus sublime, le plus indépendant, le plus nettement caractérisé de tous, la musique, qui pourra jamais lui porter préjudice, à part quelques malheureux qui ne reçurent point la consécration dans le sanctuaire de l’art ? Liszt, le plus musicien de tous les musiciens que je connaisse, a-t-il rien de commun avec de tels êtres ? Ecoutez ce que je crois fermement : Jamais, et en quelque combinaison qu’elle apparaisse, la musique ne pourra cesser d’être le plus