Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/40

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tible, si foncièrement immatérielle, que l’on conçoit à peine comment elle peut se manifester à notre sensibilité d’une façon aussi exceptionnellement lumineuse, aussi précise, sans possibilité d’équivoque. Chez Liszt, cette conception musicale génialement sûre s’affirme dès le début de ses œuvres avec une telle puissance que souvent après les seize premières mesures j’étais foudroyé, j’avais envie de crier : « Cela suffit, j’ai vécu l’œuvre entière ! » Et ce caractère particulier des œuvres de Liszt me semble si fortement accentué que, malgré le peu de propension que d’aucuns montrent à reconnaître la valeur desdites œuvres, je ne doute pas le moins du monde que le véritable public ne se familiarise très rapidement et très complètement avec elles. Les difficultés que rencontre un compositeur de musique dramatique, obligé d’avoir recours à des moyens d’expression fort compliqués, ne subsistent, pour l’auteur d’œuvres purement orchestrales, que dans une faible mesure. Nos orchestres, en général, sont bons. Que Liszt ou un de ses disciples de choix dirige l’exécution, et le succès viendra de lui-même ; rappelez-vous comme nos fidèles amis de Saint-Gall ont fêté Liszt et manifesté de façon tou-