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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/34

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ACTE PREMIER


MATELOTS ET CHEVALIERS.

Gloire et salut au Roi !

BRANGAINE,
pleine de trouble et de terreur, a détourné le visage et s’appuie sur le bord du navire. À cet instant, elle se retourne vers Tristan et Yseult, perdus dans un embrassement passionné ; tout à coup, elle se précipite sur le devant de la scène, avec un geste de désespoir.


Honte sur toi ! —
Servante misérable,
Arrache-toi les yeux !
N’est-ce pas ta pitié coupable
Qui les a perdus tous les deux ?

TRISTAN,

Qui donc parlait d’honneur, de gloire ?

YSEULT.

Quel rêve étrange a troublé ma mémoire ?

TRISTAN.

Un autre était aimé ?

YSEULT.

Ton cœur m’était fermé ? —
Sombre prestige… ombres du songe !

TRISTAN.

Vaine chimère, et vain mensonge !

YSEULT.

Tristan ! ô mon vainqueur !

TRISTAN.

Yseult, charme du cœur !